UN LONG CHEMIN


Il y a quinze ans, à l’âge de 35 ans, m’est venu l’idée saugrenue de construire ma maison en bois de mes propres mains.

Problème : je n’avais jamais touché un outil de ma vie, ou presque.

J’ai réalisé alors à quel point je ne savais pas faire grand chose de mes mains.

J’avais fait des études. Oui, je savais gratter du papier. 

J’étais franchement sportif (j’essaie de le rester…). Oui je savais courir longtemps, soulever des charges et bousculer un ou deux bonhommes.

J’adorais le grand air (j’ai toujours du mal à m’en passer). Oui j’avais passer une partie de ma jeune vie d’adulte à écumer les forêts et toundras du Grand Nord

Mais bricoler ? 

Alors ça, « que dalle » ! Comme on dit chez nous. 

Nada ! Nib !

Mon rêve allait relever du défi. Du véritable challenge.

Mais des défis, j’en avais déjà relevés quelques uns. Alors je me suis mis à la tâche : apprendre le plus possible sur le matériau bois et sa façon de le travailler.

Etant passionné depuis l’enfance par toutes les tribus primitives du monde, mon approche s’est rapidement tournée vers les outils à main. J’aimais cette manière d’être au plus près de la matière pour la modeler. Cette voie silencieuse de l’effort musculaire où la tâche créative façonne l’objet autant qu’elle vous façonne en retour. Ces outils simples et beaux qui ont forgés les vies de tant de génération avant nous, au contact du vivant.

Ce fut une longue route. Près de 10 ans avant que le rêve ne se concrétise : les premiers coups de pelle des fondations ont été donnés en 2016.

Pendant tout ce temps, j’ai récolté des livres, principalement anglophones car, sur ces sujets, la littérature technique en français était encore rare (même si elle s’est un peu développé depuis). Je me suis inscrit à des stages, mais pas tant que ça au final car l’offre était relativement maigre il y a quinze ans. Elle n’est toujours pas si étoffée aujourd’hui.

Problème (n°2 !) : au tout début de mon rêve, je vivais en ville, en appartement. 

Impossible pour moi de manier la hache et la scie pour faire de la charpente. 

Alors en me baladant sur internet, je suis tombé un jour par hasard sur un blog anglais de l’époque parlant d’une chose dont j’ignorais parfaitement l’existence : la sculpture de cuillères à l’aide d’une hache et d’un couteau.

Voilà qui me paraissait beaucoup plus atteignable pour commencer.

Ça me fait sourire aujourd’hui. 

Comment pouvais-je avoir la naïveté de penser qu’une cuillère en bois allait me rapprocher de mon rêve de construction de maison ?

En fait, ce qui est fascinant dans l’esprit humain c’est sa capacité à construire l’espoir dans les choses les plus anodines. Parlez-en à Victor Frankl, survivant de l’holocauste et auteur du magnifique et célèbre « Découvrir un sens à sa vie ». Il vous en contera quelques bribes.

Alors oui, d’une simple lame de couteau j’ai appris ce qu’était le métal et la notion de tranchant, qui m’ont bien servi par la suite, même avec les outils électroportatifs (car je n’ai pas utiliser que des outils à main pour la maison bien sûr). 

D’un vulgaire morceau de branche, j’ai appris les bases des caractéristiques du bois qui ne varient pas d’un iota quelque soit la discipline que vous pratiquiez : le fil du bois, ses qualités de dureté ainsi que sa capacité à la flexion et à la compression, si ils sont utilisés de manière différente selon les disciplines, restent invariablement les mêmes. Le bois reste le bois.

Et surtout d’une main qui ne savait rien faire, j’ai développé une capacité littéralement inarrêtable à fabriquer, à construire, à créer.

Et j’ai fini par y arriver. 

J’ai appris les bases de la charpente.

J’ai construit notre maison en poteau-poutre traditionnel en chêne et paille.

J’ai même osé passer mon diplôme de CAP Charpentier / Constructeur bois en candidat libre… et avec succès.

C’est cette fascinante capacité à créer de nos mains que je veux transmettre aujourd’hui à travers ce site et la chaîne Youtube qui l’accompagne. 

Je veux créer (encore !) cette ressource que j’aurai tant aimé trouvé à mes débuts :

  • Celle qui vous prend par la main pour vous expliquer les choses simplement
  • Celle qui ne vous demande ni diplôme, ni CV, ni lettre de motivation, mais juste de l’envie, de la patience et de l’effort
  • Celle qui vous pousse à découvrir et à explorer

Alors si vous aimez cette approche simple et sensible du bois, des matériaux naturels et du travail de vos mains, bonne visite à vous.

Et surtout, saisissez-vous d’un outil, prenez un morceau de bois, de toile ou de cordage dans vos mains et apprenez tranquillement à transformer la matière. Grandissez-vous de vos erreurs et de vos approximations. On est tous passé par là. L’aisance et la qualité de la forme comme des finitions viendront naturellement avec une pratique régulière.

Au bout du chemin, il y a la magie sublime et si profondément humaine de créer de ses propres mains.

Antoine