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Comment bien utiliser ses gouges de sculpture bois ? Exercices d’apprentissage

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Apprendre la sculpture sur bois, c’est un peu comme apprendre à jouer du piano ou se mettre au tennis.

De même qu’il est impossible de jouer une symphonie la première fois qu’on s’assoit au piano ou d’entrer sur le terrain pour un match sans avoir jamais touché une raquette, il est inconcevable d’attaquer directement un bas-relief ou un lettrage sans avoir un minimum de familiarité avec les gouges que l’on va utiliser.

Un des moyens les plus sûrs de bien manier ses outils de sculpture quand on débute est de faire des exercices qui reproduisent individuellement et de manière simplifiée les configurations fréquentes et variées que l’on rencontrera lors d’un bas-relief par exemple.

Dans ses exercices simplifiées, la focalisation doit être dans le positionnement des mains et des doigts et dans la sensation de contrôle de ce que l’on sculpte, aussi simple que soit le copeau à enlever.

Lors de vos « gammes » n’hésitez pas à faire l’auto-critique de votre geste, à le rectifier au besoin pour vous sentir tantôt plus à l’aise, tantôt plus en contrôle, et idéalement les deux à la fois.

Je vous recommande au préalable de lire attentivement mon article sur la tenue de la gouge quand on sculpte dans les deux configurations les plus courantes, et aussi les plus efficaces, de la sculpture ornementale « à l’européenne ». Cet article et celui que vous êtes en train de lire étant deux pièces d’un même puzzle sur l’aisance, la précision et le contrôle de l’utilisation de la gouge.

Une fois cet article lu et assimilé, vous allez pouvoir vous plonger dans les quelques jeux de maniement de la gouge que je vous propose maintenant.

Aussi simples et petits soient-ils, ces exercices sont toujours pour moi un petit moment de plaisir de sculpture où l’on fait glisser la gouge sur le bois comme une pagaie au fil de l’eau. Une belle sortie sur une rivière de bois.

J’espère que vous aurez autant de plaisir que moi à vous essayer à ces petits jeux d’habilité.

A vos outils !

Que vous faut-il pour faire ces exercices ? Outils et fournitures

Pour faire ces exercices, il vous faut à minima :

  • 1 gouge méplate (n°3 par exemple), 1 gouge mi-creuse (n°6 par ex.) et 1 burin (ex : à 60° – entre 6 et 10mm)
    • Si vous n’avez pas exactement les gouges mentionnées, ne vous en faîtes pas trop, l’important est de prendre une ou deux gouges et de se prêter au jeu. Le rendu visuel sera alors différent de celui des photos mais aucune importance. L’objectif est de manier l’outil alors manier simplement ceux que vous avez en votre possession.
  • 1 petite planche de bois à sculpter, idéalement en bois tendre (le tilleul est parfait pour ça)
  • Un système de fixation de votre pièce de bois sur table ou établi
  • Une table, un meuble ou un établi à bonne hauteur (pièce de bois à hauteur des coudes)

Exercices avec la gouge « debout »

Frappe verticale au fermoir

En tenant le fermoir en position debout (prise en crayon pour la main du bas près du tranchant), faîtes une série de traits verticaux parallèles entre eux. Effectuez ces frappes uniquement avec la pression de la main se trouvant sur le manche.

Prenez soin de les réaliser perpendiculaires au fil du bois pour des raisons de facilité technique dans un premier temps.

Points d’attention :

  • Maintenir sa gouge bien droite pendant toute la durée de la pression
  • Augmenter la pression en effectuant un mouvement de rotation dans le sens du tranchant du fermoir, JAMAIS à la manière d’une pelle dans le sens du plat du fermoir (valable aussi pour une gouge) sous peine de casser un morceau du tranchant.
  • Faire l’exercice main droite sur le métal et main gauche sur le manche puis inverser vos mains.

Frappe à 60° au fermoir

Cet exercice est une suite de l’exercice précédent. L’idée est ici de venir créer une entaille sur le côté de chaque trait effectué lors de l’exercice précédent.

En penchant votre gouge d’un côté à environ 60° (mettez votre gouge à 45° par rapport à la verticale et relevez légèrement votre gouge vers la verticale depuis ce 45°), vous forcez votre gouge pour la faire pénétrer à l’aplomb du trait déjà présent sous le bois. Vous obtenez ainsi une série de coupe en biais d’un côté.

Effectuez le même geste mais cette fois avec vos mains inversées. Votre trait est alors de l’autre côté du trait vertical initial. Vous obtenez ainsi un creux en V. A vous de « nettoyer » vos creux en V si ceux-ci ont toujours quelques fibres s’y accrochant toujours.

Points d’attention :

  • Maintien de l’angle à 60° du fermoir pendant la durée de l’action de coupe de la gouge
  • Coupe en s’aidant d’un mouvement de va-et-vient du fermoir dans l’axe du tranchant (JAMAIS perpendiculaire à cet axe)
  • Inverser la position des mains

Frappe verticale à la gouge : le cercle

Avec une gouge mi-creuse (n°6 ou 7), frappez votre gouge une première fois dans le bois à la main.

Tout en maintenant la majeure partie de la gouge dans le sillon ainsi frappé, relevez légèrement une des pointes de la gouge et faîtes-la glisser doucement mais fermement avec vos doigts le long du sillon courbe formé. Dans certaines postures, le pouce joue le rôle majeur de « pousseur » sur la tranche de la partie métal de la gouge. Dans d’autres, c’est le majeur.

Une fois la gouge légèrement déplacer en arc de cercle, appuyez fermement dessus pour marquer ce demi-cercle plus grand.

Poursuivez ainsi jusqu’à obtenir un cercle quasi parfait. Vous obtenez en fait le cercle de référence du pas de la gouge utilisée.

De la même manière que pour les exercices précédents, changez vos mains et effectuez un autre cercle dans cette configuration de main inversée.

Frappe à 60° à la gouge

Prenez le cercle que vous venez d’effectuez et tout en gardant la même gouge, penchez-la pour effectuez des coupes à 60° environ à l’extérieur du cercle.

Progressez le long du cercle de cette manière en changeant vos mains sur la gouge selon votre convenance pour dégager ainsi le cercle du reste de la surface du bois. Vous venez d’effectuer la version ultra simplifiée et lilliputienne d’un bas-relief.

Idéalement, lorsque l’on effectue la coupe penchée d’un cercle ou demi-cercle, il faut utiliser une gouge plus plate (le numéro inférieur suffit généralement) car l’angle de coupe modifie légèrement la courbure de coupe de la gouge. Mais le fait de ne pas changer de gouge (comme pour l’exercice proposé ici) permet justement de s’habituer à effectuer des coupes tout en n’ayant pas forcément la panoplie idéale des gouges pour toutes les situations.



Frappe verticale à la gouge : en spirale

Une gouge peut naturellement poursuivre sa course pour obtenir un cercle comme nous l’avons vu à l’exercice précédent de frappe verticale en cercle. Mais elle peut aussi, avec une bonne aide de notre part venir « fermer » un rayon plus petit, formant ainsi un trait en spirale. C’est ce que nous allons voir maintenant. A l’inverse, vous ne pourrez jamais agrandir le rayon à l’aide d’une gouge. C’est là une des caractéristiques de la coupe à la gouge.

Pour raccourcir le rayon de courbure de la gouge, frappez d’abord à la main et à la verticale la première empreinte de votre gouge. Relevez puis glisser votre gouge comme pour un cercle mais forcez alors votre gouge vers l’intérieur de sa courbure à l’aide de vos doigts.

Vous ferez alors pivotez votre gouge légèrement vers l’intérieur et pourrez ainsi « couper » le virage initialement prévu. Vous pouvez ainsi créer, sans changer de gouge, une lune à l’intérieur d’un cercle ou simplement créer une spirale si vous le souhaitez.

Exercices avec la gouge « couchée »

Coupe au burin : traits droits

Tracez un trait dans le sens des fibres près du bord opposé de votre bloc de bois à sculpter.
A l’aide de votre burin, vous allez alors « tracer » de petits segments droits en maîtrisant bien l’arrivée jusqu’au trait.

C’est un excellent exercice pour apprendre à freiner son outil avec la main « métal » pour un contrôle optimal en cours de sculpture.

Faîtes une série de traits parallèles et changez alors vos mains pour vous entraînez de chaque côté.

Coupe au burin : traits courbes

Même exercice que le précédent. Il s’agit ici de faire des séries de traits courbes au burin en prenant comme point de pivot votre poignet et votre avant-bras. N’essayez pas d’aller trop profond dans un premier temps mais focalisez-vous sur la gestuelle. Le contrôle en profondeur viendra avec le temps et la pratique.

De la même manière, faîtes une série côté droit puis changez vos mains sur le burin et faîtes une série également côté gauche.

Coupe « plongée » à la gouge

En prenant votre gouge mi-creuse (n°6 ou 7), piquez le bois devant vous de manière à plonger un peu la gouge en profondeur (fibres du bois perpendiculaires à l’action de la gouge). Avancez ainsi pour un trait droit de quelques centimètres de long puis abaissez franchement mais progressivement le manche de votre gouge pour faire ressortir le tranchant à la « surface » du bois.

Faîtes ainsi une bonne série de « plongeons » et – toujours la même rengaine que vous connaissez maintenant… – changez alors de main et effectuez une nouvelle série de l’autre côté.

Coupe « glissée » à la gouge

En prenant votre gouge méplate (n°3 par exemple), effectuez la même coupe « plongeante » que dans l’exercice précédent. Mais cette fois au bout de votre geste, au lieu de faire ressortir le tranchant de la gouge à la surface, rester en profondeur et finissez votre geste par un mouvement de va-et-vient qui fait glisser votre tranchant le long du bois. Imaginez que vous devez finir votre geste à un trait (au besoin tracez ce trait). Vous allez alors avancer par petits à coups mais vous contrôlerez beaucoup mieux la fin de votre coupe.

C’est un geste particulièrement utile dans nombre de situations de sculpture lorsque le geste doit s’arrêter à un endroit précis, comme un relief lorsqu’on aplanit le fond par exemple.


Conclusion

Les exercices que je viens de vous donner sont un petit aperçu des possibles en matière de « jeu » aux outils de sculpture. Il existe bien sûr une multitude d’exercices plus ou moins élaborées pour travailler son aisance et sa précision. Et lorsque vous aurez un peu plus de « bouteille » dans l’activité vous pourrez d’ailleurs inventer vos propres exercices ciblés sur vos besoins spécifiques à ce que vous avez l’habitude ou l’intention de travailler pour vos sculptures plus élaborées.