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Sculpter du bois au couteau : gestes de base et sécurité

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Quand j’ai commencé à sculpter il y a plus de 10 ans maintenant, aucune information en français facilement accessible (en ligne ou sur papier) n’existait sur les gestes de base pour manier correctement son couteau sans se blesser. Cet article est là pour combler ce vide : des conseils simples et pourtant fondamentaux sur les gestes de base pour sculpter au couteau.

Sculpter au couteau est une activité bon marché, accessible et relaxante. Mais pour pouvoir être pratiquée en toute sérénité, il faut savoir observer son environnement immédiat pour analyser les risques, privilégier la position assise et connaître les gestes appropriés de maniement du couteau.

Sans se focaliser sur un projet en particulier, cet article va vous permettre de faire le tour de l’ensemble des gestes de base pour sculpter efficacement. Pour enlever beaucoup de matière ou pour de tout petits détails de finitions. Bien sûr il existe beaucoup de variantes de tous ces gestes. Mais dans un premier temps, en tant que débutant, il me semble intéressant de connaître un éventail simplifié et déjà bien étendu des possibles avec un couteau et surtout de savoir le manier en sécurité.

En allant plus avant dans chaque discipline de sculpture au couteau (bushcraft, froissartage, scoutisme, vannerie, sculpture d’ustensiles ou de figurines, gravure au couteau) ou chaque projet, vous pourrez vous familiariser progressivement avec ces variantes.



Sommaire

Comment sculpter au couteau sans se blesser ?

Pour sculpter en sécurité avec un couteau à la lame affûtée, il faut avoir conscience de son environnement immédiat et des risques possibles, offrir à son corps les meilleures conditions pour maîtriser son couteau (gestes et postures) et maintenir l’outil que l’on tient dans la main en bon état.

J’ai développé un système qui permet de passer rapidement en revue tous les points essentiels à la sécurité en sculpture au couteau.

C’est ce que j’appelle la « Sphère de sécurité ». La votre quand vous sculptez. La mienne quand je sculpte. La voici en tableau sous forme résumée.

SphèreElémentQuestionAction
ENVIRONNEMENTLes autresOù sont les autres ?Mettre de la distance (1m)
Sculpter dans le calme (son et mouvement)
Les objetsOù sont les objets autour de moi ?Désencombrer
L’équipementMon assise est-elle stable ?Assise adéquat
Les premiers secoursSuis-je prêt en cas d’accident ?Kit Premiers Secours
Téléphone (Pompiers / Samu)
Formation (PSC1)
N° de téléphone enregistré de la clinique de la main la plus proche de chez vous
CORPSMa postureComment est ma posture quand je sculpte ?
Où peut finir mon geste ?
Bonne posture pour chaque geste
Ma fatigueSuis-je assez reposé pour une concentration accrue et une gestuelle tonique et maîtrisée ?Pauses régulières
Mes mainsOù se trouve la main qui tient l’objet à sculpter ?
Est-ce que je maîtrise bien mon geste de sculpture ?
Gestes appropriés
Bonne position des mains pour chaque geste, à tout moment.
OUTILMon couteauEst-il approprié à ma pratique ?
Est-il bien affûté ?
Est-il bien rangé ?
Outil adapté et bien affûté quand on s’en sert
Bien rangé quand on ne s’en sert plus
La sphère de sécurité en sculpture

Comment apprendre les gestes de base de la sculpture au couteau ?

Si vous apprenez seul les gestes de sculpture de cet article, je vous conseille vivement la méthode suivante :

  • 1 – Dans le vide
    • Faîtes d’abord plusieurs fois le geste dans le vide sans morceau de bois ni couteau dans la main
    • Cela vous permet de vous rendre compte de votre posture et de la position de la lame par rapport à votre corps
  • 2 – Avec couteau / sans copeau
    • Pratiquez ensuite 3 à 4 fois le geste très lentement avec morceau de bois et couteau en main mais sans enlever aucun morceau de bois, juste en venant faire glisser la lame sur le bois.
  • 3 – Avec copeau lentement
    • Essayez ensuite le même geste 3 à 4 fois lentement en enlevant de fins copeaux pour voir quelles sont vos sensations avec un effort sur la lame
  • 4 – A vitesse normale
    • Pratiquez ensuite le geste autant de fois que vous le souhaitez et le plus régulièrement possible une fois que vous avez compris son mécanisme et que vous êtes plus à l’aise avec le mouvement.

Et n’oubliez pas de faire régulièrement des pauses quand vous sculptez (cf « sphère de sécurité ») !

Une bonne règle de base est de ne jamais sculpter plus d’une heure sans pause. Prenez votre temps, votre morceau de bois n’ira nulle part sans vous…



Comment ranger son couteau avant et après la sculpture ?

Avant même de considérer les gestes de sculpture et le contact de l’outil avec le bois, il est important de savoir manipuler et ranger son couteau convenablement. Cela préserve le tranchant de la lame et participe à la sécurité générale autour de l’activité.

Les trois meilleures manières de ranger son couteau de sculpture sont :

  • Pour un couteau à lame fixe :
    • un étui individuel dédié
    • une trousse à compartiments multiples en tissu ou en cuir
  • Pour un couteau pliant
    • de replier la lame

Ranger son couteau quasi religieusement après l’activité de sculpture permet non seulement d’éviter les accidents mais aussi de préserver la lame de toute usure prématurée. Une pratique simple et facile qui, à elle seule, vous économisera bien des affûtages.

Je vous suggère par ailleurs de toujours ranger votre couteau dans la même position dans votre étui ou votre trousse pour être toujours pleinement conscient de la direction que prendra le tranchant de la lame au moment où vous sortirez votre couteau de l’étui ou de votre trousse. Cela vous évitera des petites blessures inutiles.

Comment passer son couteau à quelqu’un ?

S’il vous arrive de devoir passer votre couteau, vous devez le faire de manière à ne blesser personne, ni vous, ni votre compagnon.

La meilleure méthode est de tenir le haut du manche en pince entre le pouce et l’index avec le dos de la lame basculée dans le pli entre le pouce et l’index, votre majeur soutenant le manche dans cette position par dessous.

Cela libère le manche de votre couteau que votre compagnon emprunteur peut maintenant saisir et vous protège en même temps de la lame. Un geste simple à connaître.

Quelle est la meilleure position pour sculpter au couteau ?

La meilleure position pour sculpter au couteau est de s’asseoir. La position assise est beaucoup plus stable que la position debout. Or la stabilité est primordiale quand on sculpte au couteau à la fois pour être efficace mais aussi pour éviter les blessures.

Est-il possible de sculpter debout ?
Oui. Mais ce n’est pas la bonne posture à adopter. Une fois que vous aurez un peu d’expérience, s’il vous arrive de vouloir reprendre un petit détail debout rapidement, pourquoi pas ? Mais pour une bonne séance de sculpture au couteau, la position par défaut est la position assise.

Quelle position assise choisir ?
A vous de voir ce qui vous va le mieux, l’important est que vous soyez à l’aise, que votre assise soit stable et que vous ayez de la place autour de vous : une sphère d’un mètre de rayon sans personne ni objet vous encombrant autour de vous est un prérequis.

  • Agenouillé au sol
  • En tailleur au sol
  • Sur un rondin
  • Sur une chaise, un banc

Comment fendre du bois au couteau ?

Une fois qu’un morceau de bois est coupé, à la scie par exemple, vous pouvez enlever de gros morceaux de bois simplement en le fendant. C’est une tâche qui est à réserver à la hache, mais si vous n’en avez pas sous la main, il est possible de le faire avec votre couteau.

On appelle cela le bâtonnage.

Bien sûr vous ne pourrez fendre que des morceaux de bois dont le diamètre n’excède pas la longueur de la lame de votre couteau.

Les étapes :

  • Placez le tranchant de votre lame à l’endroit où vous souhaitez fendre le bois
  • Tapez sur le dos de la lame avec un bâton.
  • La lame va alors pénétrer dans le bois et écarter les fibres.
  • Si la longueur du morceau de bois le nécessite, continuez de taper sur la pointe de la lame pour fendre encore plus le morceau de bois

Les meilleurs couteaux pour fendre sont des couteaux à lame large et épaisse (minimum 2,5mm, idéal à 3mm), à émouture scandinave et à soie pleine. Les couteaux « bushcraft » sont parfaits pour cela.

Certains couteaux de sculpture peuvent le faire à l’occasion. Je pense par exemple aux Mora 106 ou 120 qui peuvent subir quelques assauts de ce type et servir exceptionnellement de couteau bushcraft en l’absence d’un couteau dédié.

Cette pratique est par contre à éviter pour toute lame pliante et toute lame faisant moins de 2mm d’épaisseur sauf pour de menus fendage de petites branches et brindilles.

Comment retirer beaucoup de bois au couteau ?

Si le couteau n’est pas forcément l’outil le plus adapté pour enlever beaucoup de bois au couteau, la hache étant généralement plus approprié, il reste néanmoins très efficace si on connaît les bons gestes. Avec ces gestes, prêtez une vigilance particulière aux autres parties de votre corps et aux personnes autour de vous pour être sûr de ne blesser personne, ni vous ni quiconque aux alentours.

Bras tendu

Le meilleur geste pour retirer de gros copeaux de bois au couteau est d’avoir le bras parfaitement tendu depuis votre épaule jusqu’à vos doigts.

  • Tendez votre bras et bloquez votre coude
  • Portez votre épaule le plus possible à l’aplomb de votre morceau de bois.
  • L’action de coupe doit venir de votre épaule (et de votre buste)
  • Vous la soulevez et la baissez pour poussez votre couteau contre votre morceau de bois.

L’efficacité de ce geste vient du fait que les muscles des épaules (et du buste) sont beaucoup plus puissants que ceux de vos bras. En bloquant votre bras tendu, vous faîtes appel à cet avantage naturel et êtes alors capable de retirer beaucoup de bois d’un seul mouvement de lame.

Précaution :
Pour pratiquer ce geste lorsque vous êtes assis, placez-vous soit franchement vers l’avant les jambes bien écartées soit sur le côté de votre bras tenant le couteau, le buste en torsion sur ce côté de manière à ce que vos jambes soit bien à l’écart. En effet dans ce geste, la lame du couteau est libérée de manière soudaine et puissante, donc aucune partie du corps ne doit se trouver sur la trajectoire de la lame une fois libérée.

Variante :
Ce geste peut être pratiqué avec le morceau de bois contre un billot par exemple afin d’être encore plus efficace car le morceau de bois est alors pris en étau entre votre lame et le billot. Attention toutefois à bien positionner votre main vers l’extérieur du billot afin que seule la lame vienne buter contre le billot et non vos phalanges.

Main au genou

Le geste de la main au genou est une bonne alternative pour varier l’effort du bras tenant le couteau, qui est souvent le plus sollicité. Car cette fois c’est la main tenant le morceau du bois qui travaille.

  • Placez la main tenant le couteau juste en dessous de la rotule, la lame parallèle au sol vers l’intérieur de vos jambes,
  • Maintenez fermement cette position avec le tranchant vers l’extérieur,
  • Posez le morceau de bois sous la lame du couteau immobile,
  • Tirez vers vous sur le morceau de bois pour couper un copeau.

La prise en ciseaux

Ce geste puissant est aussi celui qui offre le plus de maîtrise et de précision.

  • Placez morceau de bois et couteau sur votre buste, paumes vers le haut
  • Formez un croisement entre votre couteau et votre morceau de bois, à la manière d’une paire de ciseaux.
  • Placez la lame sur le morceau de bois.
  • La puissance du geste vient des muscles de vos épaules et de votre buste.
  • Tirez vos omoplates vers l’arrière, l’une contre l’autre dans votre dos tout en laissant glisser vos mains sur votre buste.
  • Maintenez bien coudes et avant-bras contre votre buste pendant le mouvement
  • Votre lame et votre morceau de bois sont alors forcer de s’écarter l’un de l’autre, en retirant un copeau au passage.
Paume vers le haut pour la main qui tient le couteau.
Dans ce geste, la force vient des omoplates et de l’écartement des bras sur le buste.


Comment sculpter des finitions au couteau ?

Le couteau est un outil d’une efficacité redoutable quand il s’agit de finitions. Dans des mains expertes, un seul et même couteau peut sculpter des objets et figurines précisément avec de nombreux détails, avec pour seul limite la créativité de celui ou celle qui le manie.

Avec ces prises moins puissantes mais plus concentrées sur l’objet tenu en main, portez une attention particulière à la sécurité de vos mains et notamment de la main tenant le morceau à sculpter. Pour renforcer votre maîtrise de tous les gestes suivants, vous gagnerez à les pratiquer en gardant toujours vos bras fermement appuyer sur votre buste pour limiter leur mouvement. Il deviennent alors comme de véritables étaux maintenant fermement votre pièce à sculpter et votre outil sur votre buste/établi.

L’ « Ouvre bouteille »

Ce geste est typiquement utilisé pour sculpter ce qu’on appelle le bois de bout qui comme, son nom l’indique, est l’extrémité d’un morceau de bois où les cernes apparaissent. Sculpter directement en travers des fibres est toujours beaucoup plus dur qu’en suivant le sens des fibres car beaucoup de fibres doivent alors être tranchées dans un même geste. La prise en « Ouvre bouteille » permet en effet d’appliquer beaucoup de puissance à la lame.

  • Tenez fermement le manche du couteau dans les doigts séparés du pouce (de l’index à l’auriculaire).
  • Le tranchant de la lame doit se diriger du côté de votre pouce.
  • Mettez votre pouce en butée contre le côté d’un morceau de bois.
  • Fermez votre poing tout en coupant les fibres en prenant soin de rabattre votre pouce vers les phalanges des doigts tenant le manche.

La prise en pince

La pince est une variante simplifiée de l’ « Ouvre bouteille » qui consiste à fermer votre lame directement vers le pouce cette fois, sauf que celui-ci est protégé derrière une partie du morceau à sculpter ou que le geste est appliqué avec un tel contrôle que la lame n’arrive pas jusqu’au pouce.

Pour la « pince », la lame va directement vers le pouce
mais dans un geste lent et contrôlé.

La lame vers soi

Ramener la lame vers soi est un geste technique tout à fait approprié contrairement à ce qui se dit parfois ailleurs sur la toile. Il s’agit bien sûr de le faire correctement et avec toute l’attention requise, de même que pour tous les autres gestes dont je parle ici.

  • Prenez votre manche de couteau avec les doigts séparés du pouce (de l’index à l’auriculaire)
  • Placez votre pouce sur le plat de la lame.
  • Posez votre morceau de bois à sculpter contre votre ventre (généralement juste sous les côtes) tenu par votre main « support ».
  • Cassez votre poignet tenant le couteau, de manière à lui donner un angle d’approximativement 90° par rapport à votre avant-bras
  • Penchez la lame légèrement vers l’extérieur de manière à être sûr que la pointe de la lame n’est pas dirigée vers vous.
  • Ramenez la lame vers vous tout en coupant un fin morceau de bois.
  • La cassure du poignet vous offre une butée de sécurité contre votre abdomen.

Le « Pousse-lame »

Le geste du « Pousse-lame » est un des gestes de base pour la sculpture de figurines au couteau notamment.

Il consiste à tenir le couteau de manière à venir placer vos deux pouces (pouce de la main tenant le couteau et celui de la main tenant le morceau de bois) sur le dos de la lame pour la pousser. Cela donne à la fois une bonne puissance et une bonne précision pour sculpter de petits détails.

Les deux pouces viennent se placer sur le dos de la lame pour un contrôle précis de celle-ci.

Comment graver du bois au couteau ?

La prise façon « crayon »

Pour sculpter des détails fins ou graver des lettres sur du bois, la prise en « crayon » est très utile. Elle fonctionne d’autant mieux si vous avez un couteau à lame courte mais elle peut aussi fonctionner sur un couteau à longue lame, il faut juste être encore plus prudent dans le positionnement de vos doigts.

Pour cette prise, vous prenez directement la pointe de votre lame comme un crayon c’est à dire entre le pouce et le majeur avec l’index qui vient se poser sur le dos de la lame.

Prise du couteau en « crayon ». L’idéal pour ce geste est d’avoir une lame courte (moins de 5 cm).

La prise façon « compas »

Pour graver de petits détails en sculpture par entailles, sculpter des lettres ou procéder à ce qu’on appelle une coupe d’arrêt en sculpture de figurines, la prise en compas est très polyvalente et permet une bonne maîtrise des formes.

A la manière de la prise de la pince vue plus haut, on prend le manche du couteau fermement entre les doigts séparés du pouce (de l’index à l’auriculaire) et on vient mettre son pouce en butée contre le bois. Mais contrairement à la pince, on se sert cette fois seulement de la pointe de la lame que l’on vient faire pénétrer dans le bois puis glisser pour venir couper une ligne plus ou moins longue selon le motif désiré.

Prise en « compas ». Notez l’index très en avant sur la lame et l’angle de la lame par rapport au bois. L’idéal est d’avoir une lame courte.

Lorsque ce geste est utilisé pour des coupes longues et courbes, le pouce fonctionne ainsi, à la manière de la pointe d’un compas, comme un point de pivot.

La prise de plein poing

Très utilisée en sculpture par entailles (aussi appelée gravure au couteau), cette prise consiste à prendre le manche du couteau à pleine main pointe de lame vers le bas. L’action de coupe se fait en plantant la pointe de la lame dans le bois (généralement une planche posée sur une table). On tire la lame vers soi de manière verticale ou inclinée selon l’effet de gravure recherché. Un geste simple mais extrêmement efficace.